La phrase du jour

“"Si le théâtre oublie le monde, le monde finira pas oublier le théâtre". Bertolt Brecht



mercredi 27 avril 2016

Mes lectures du moment

Abraham et fils de Martin Winckler (2016) 

Eds P.O.L.


Résumé: 
Un jour du printemps 1963, Abraham Farkas, médecin rapatrié d'Algérie, proche de la cinquantaine et son fils Franz, âgé de neuf ans et demi arrivent pour la première fois à Tilliers, petite ville de la Sarthe. Abraham n’a qu’une seule préoccupation : son fils échappé mirculeusement à un coma profond suite à ce qu’il nomme un accident. Franz, lui, a deux amours : son père et les livres. Franz est resté amnésique et Abraham ne lui parle jamais dupassé, de sa mère et de leur vie d’avant. Ils s’installent rue des Crocus, dans la grande maison du Dr Fresnay, où Abraham va se remettre à travailler. Ils vont s’adapter, se faire adopter et réussir à se remettre à vivre.

Extraits :
« On embarque dans une histoire comme on part en voyage.
Certains aiment les croisières en paquebot. Ils somnolent dans un transat sur le pont brûlant de soleil et se laissent porter tout le jour, un cocktail à la main, avant d’aller rêver dans leur cabine de luxe. D’autres embarquent dans un sous-marin vitré pour se coller le nez sur le grand hublot et découvrir des mondes inexplorés, suivre des bancs de poissons, longer des galères englouties, regarder des plongeurs combattre un requin ou remonter un coffre des abysses. D’autres encore préfèrent s’élancer dans l’espace – l’ultime frontière – à la recherche de nouvelles formes de vie, de civilisations inconnues, pour se rendre là où nul n’est jamais allé. D’autres enfin s’asseyent à la terrasse d’un bistro pour regarder les lève-tôt entrer à la boulangerie, les épiciers sortir leurs cageots, les couche-tard regagner leur antre, les mères emmener leurs enfants à l’école.
Bref, les histoires sont faites pour nous mener en bateau et c’est pour naviguer qu’on embarque, sans toujours savoir où on va. »


« Ça vous paraîtra sans doute vieux jeu, mais je pense qu'un homme n'est pas fait pour rester seul. S'il reste seul longtemps sans rien ni personne pour s'occuper le corps et le cœur, un homme est malheureux, il s'étiole et il meurt. Une femme aussi, bien entendu, mais les femmes savent mieux que les hommes comment ne pas rester seules. Elles savent se retrouver et se parler ; elles ont toujours de quoi s'occuper l'esprit. La plupart des hommes cherchent surtout à s'occuper le corps. Et ils ont du mal à se parler, si ça n'est pas pour se mesurer les uns aux autres. »

Mon Avis :Martin Winckler possède l'art de conter des histoires. Il les situe le plus souvent dans le monde qu'il connait : la médecine. Cette fois-ci, il s'y mêle un peu d'autobiographie et il a même semé un personnage qui s'appelle Zaffran! Dans les romans de Martin Winckler la bienveillance domine. Un humanisme certain guide sa plume. On frise parfois, dans ce roman-là en particulier, une certaine mièvrerie, compte-tenu que les narrateurs sont d'une part un enfant, d'autre part une maison qui entend tout. Les deux récits se font écho à des niveaux différents de conscience. Il y a de l'émotion, de la sensibilité dans l'écriture. Le roman nous entraîne dans plusieurs histoires qui s'entrecroisent au présent et au passé. C'est parfois tiré par les cheveux et pour ma part, j'avais assez vite deviné le "secret" que la vieille bâtisse avait abrité et les circonstances de l'accident. Qu'importe le suspens, car les personnages sont attachants, bien campés, l'enfant est futé et on se prend l'aimer dans sa candeur éclairée. De ce fait on lit le roman d'un trait.Par ailleurs ça ne fait pas de mal de lire un bouquin qui a foi en l'humanité dans une époque de déshumanisation maximale.
La mémoire, la famille, la guerre, les traumatismes, l'amour, il y a tout cela dans ce nouveau Winckler. C'est bien écrit, fluide mais il lui manque la force d'un sujet comme "En souvenir d'André".


Biographie: Marc Zaffran, né le 22 février 1955 à Alger, est un médecin français, connu sous l'unique pseudonyme de Martin Winckler, comme romancier et essayiste, évoquant souvent la situation du système médical français. Il est également critique de séries télévisées et traducteur. Cf: https://fr.wikipedia.org/wiki/Martin_Winckler 

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