La phrase du jour

“"Si le théâtre oublie le monde, le monde finira pas oublier le théâtre". Bertolt Brecht



mercredi 13 avril 2016

Mes lectures du moment


L'arracheur de petites âmes de Grégory Mion
Editions Les Occultés (2015)



Quatrième de couverture: Boston. Zachary Bannerman est ingénieur dans le secteur de la finance. Propulsé par la réputation de sa famille et une intelligence rare, il a fait son chemin. Il regarde la vie de haut. Pour réussir, il n’a pas hésité à montrer les dents et les portes se sont ouvertes les unes après les autres. Mais tout ceci n’intéresse pas vraiment Bannerman. Pendant son temps libre, dans le double-fond de son existence, il manigance d’épouvantables assassinats. Il n’est pourtant pas l’un de ces brillants déséquilibrés qui, à l’instar de Patrick Bateman, règle ses comptes avec la race humaine. Les cibles de Bannerman sont particulières : végétale et animale, uniquement. Il massacre la nature avec méthode et acharnement, bravant continuellement la société au risque d’être démasqué.

En éliminant tout ce qui ne peut pas se défendre, Bannerman s’érige en vainqueur discutable de l’humanité. Derrière sa sordide génialité et le prisme métaphorique de la vulnérabilité, l’ombre du glaive de la Justice se porte sur l’identité du modèle occidental, et la banalité quotidienne de ses monstres, omnipotents.Qui saura l’entraver ?

Résumé: Ce serait une offense à l'auteur de tenter de résumer la trajectoire intellectuelle et intérieure du "héros". Le temps traversé et les aventures qui s'y déroulent n'ont d'autre but que d'amener le lecteur au questionnement sur la faiblesse, la puissance, la justice ou son contraire.
L'histoire de Zachary Bannerman a ses racines dans un précédent récit publié en numérique aux éditions Aux Forges de Vulcain et portant le titre de "Avec l'assentiment du reptile".
L'histoire d'un déséquilibré sans consistance qui tue des innocents dans un motel de Phoenix. L'arracheur de petites âmes nous fait retrouver ce Zachary Bannerman dans une version développée de sa psychologie.

Mon avis : Ce livre est extrêmement dense, l'écriture pléthorique, précise. Elle coule comme du plomb fondu. On sent que l'on va s'y brûler et que chaque mot compte. L'histoire replace l'épouvantable héros dans son contexte social. Et c'est un des grands intérêts de l'ouvrage. En plus des réflexions que ce livre suscite sur la cruauté gratuite envers les faibles - d'autant plus brutale qu'elle est impunie- j'y ai vu une profonde critique de l'éducation qui tend à faire des enfants des enfants-rois. Un individu est le produit de son génome façonné par l'épigénèse. Les mots de l'auteur résonnent longtemps dans le cerveau du lecteur, parce qu'au travers de la métaphore qu'il a choisi de filer, c'est toute la société américaine ( et peut-être occidentale) qui est mise en perspective. Et en final qu'est-ce qu'un monstre ? N'y en a-t-il pas un de tapi dans le creux de nos âmes insensibles à la misère du monde. Un très bon livre sans concession. A lire pour celles et ceux qui aiment les écritures développées, âmes sensibles s'abstenir.


Où se procurer le livre:  http://lesoccultes.com/catalogue/larracheur-des-petites-ames-par-gregory-mion/

Biographie: Né en 1983, Gregory Mion enseigne la philosophie dans un lycée de Provence. Après avoir vécu un certain temps au Nouveau Monde, il a fini par revenir sur le Vieux Continent. Investi dans la recherche et la création littéraires, il est également passionné par les avions, mais seulement les avions qui transportent des passagers (avec une préférence pour le charismatique A-330). Il envisage ainsi de concrétiser le projet donquichottesque d’une reconversion dans le pilotage de ligne.

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